Etat des lieux

Etat des lieux2021-04-22T12:14:58+01:00

GENÈVE, 47 ANS DE CHASSE SANS CHASSEURS

Bref rappel : contrairement à une idée reçue répandue, l’exercice de la chasse n’a jamais été interdit et encore moins interrompu à Genève, car au sens de la législation fédérale, le terme de chasse désigne le dépistage, la traque, l’affût, le débusquage, le tir, la capture ou la recherche en groupe ou individuellement d’animaux sauvages dans le but de les abattre et/ou de se les approprier. Or, le fait est que des dizaines de milliers d’animaux sauvages ont justement été abattus à ce jour par les gardes de l’environnement à Genève.

HISTORIQUE
4 août 1789 : la révolution française abolit les privilèges seigneuriaux et accorde le droit de chasse au peuple. 14 mai 1974 : suite à la campagne basée sur la mauvaise foi et la sensiblerie des adversaires de la chasse, une initiative populaire retire ce même droit au peuple !
Les chiffres : sur 174’518 électeurs inscrits à l’époque, seul 38’296 citoyens (=21,9% du corps électoral) ont voté comme suit : 25’642 voix contre la chasse, 10‘742 voix en faveur du maintien de la chasse et 1’912 bulletins nuls. Ainsi, seuls 13,9% des électeurs ont sonné le glas de la chasse populaire à Genève. Malgré cela, d’aucuns soutiennent encore sans rougir que l’interdiction de la chasse a été « massivement » voulue par les Genevois ! Il suffit donc de l’interdire et les fusils se tairont à jamais au grand bonheur de la faune qui pourra prospérer dans cet Eden pour animaux. Seulement voilà, la nature ignore les théories simplistes des opposants à la chasse et très rapidement, les fusils se remirent à parler, sauf que cette fois-ci, ils étaient tenus par des gardes de l’environnement et le citoyen sponsorise cela, largement à son insu.

Les années 70 – 80
Les trois premières années qui suivirent « l’interdiction » se passèrent relativement paisiblement et « seules » quelques centaines d’animaux (essentiellement des corneilles, renards, lapins de Garenne, chats harets…) furent abattus annuellement. Dès 1978, on passe à la vitesse supérieure : désormais en plus des animaux susmentionnés, les armes des gardes mettent en joue les sangliers et les lièvres, alors que les tirs de lapins s’intensifient, avec respectivement 53, 115 et 120 bêtes. Même le tir de 178 ( !) chats harets en 1986 ne semble gêner personne…, sauf les chasseurs, qui se mirent à protester. Tout porte à croire que les auteurs de l’initiative de 1974, voulaient uniquement supprimer le chasseur et non la chasse…

Les années 90
La situation reste largement inchangée, avec toutefois une diminution des tirs de lapins et de lièvres, mais une augmentation régulière des tirs de sangliers. Bien sûr, les dégâts agricoles, en augmentation, et les frais engendrés par ce système de chasse étatisé (le nombre de gardes a doublé par rapport à 1974 !) restent à la charge du généreux contribuable, alors que l’Etat ne peut plus compter sur les recettes des ventes de permis de chasse.

Les années 2000 à nos jours
La situation se dégrade sur plusieurs fronts : dans l’indifférence générale, les populations de perdrix grises fondent de 400 oiseaux dans les années 80 à… 2 individus en 2000 et ce, malgré la mise en place d’un réseau de jachères en vue de rendre le territoire plus accueillant ! Les effectifs pléthoriques de renards que l’on se refuse de réguler y sont pour beaucoup… ! Une timide tentative de réintroduction de perdrix dans la Champagne genevoise entre 2002 et 2005 échoue.

Quant au lapin de Garenne , après le tir de 1’860 ( !) individus par les gardes entre 1974 et 1999 et des épidémies de myxomatose, sa population s’effondre, au point ou l’unique colonie compte actuellement une dizaine de survivants en sursis. Le faisan, très abondant dans les années 80 et début 90, ne subsiste que difficilement, victime lui aussi de la surdensité de renards. En 2007 une épidémie de gale vulpine (causée justement par cette même surdensité) dans la région Arve-Lac, réduit la population de renards du secteur concerné à sa plus simple expression, ce qui déclenche une explosion de nombre de lièvres… et des dégâts sur tournesol. A la satisfaction générale, environ 150 lièvres sont repris par les chasseurs français, valaisans et genevois afin, de repeupler des territoires valaisans et haut-savoyards. Mais cela ne suffit pas à faire baisser les dégâts et près d’une centaine de lièvres succombent à nouveau aux balles des gardes.
Mais le gros problème reste le sanglier que l’Etat ne parvient pas à contrôler et qui cause d’énormes déprédations dans les cultures. Ainsi, de 2000 à 2010, les statistiques montrent que 3’270 sangliers ont été abattus. Cette hécatombe, qui n’a pas empêché le versement de plusieurs millions de francs aux agriculteurs, fait que Genève détient le record suisse de nombre de sangliers abattus à l’hectare !
Malgré les tentatives des antichasse visant à présenter la situation genevoise comme étant idyllique, la grogne monte et pas uniquement parmi les chasseurs ! Ainsi, en 2002, une pétition des milieux agricoles demandant la réintroduction de la chasse, atterrit sur le bureau du Grand Conseil genevois. Le poisson est habilement noyé au niveau politique, mais en 2003 une nouvelle motion « pour la création de gardes auxiliaires » est présentée au Grand Conseil : en vain ! Décembre 2009 : un député siégeant à la commission des finances tente de faire supprimer la subvention pour tir de nuit accordée au DGNP dont dépendent les gardes de l’environnement et d’externaliser les tirs de sangliers à des particuliers, moyennant finance, tel que le prévoit la législation actuelle. Le thème n’étant malheureusement pas porteur politiquement, mêmes les députés qui avaient accepté le projet en commission, votèrent contre lors de la séance du Grand Conseil.

Difficile de parler de consensus satisfaisant tout le monde dans ces conditions…

Nonobstant cet état de fait, la Fédération Cynégétique Genevoise « St Hubert », seule société de chasse à Genève, continue à faire entendre la voix des chasseurs auprès des autorités, des médias, du monde politique et des instances cynégétiques fédérales. Elle participe (lorsque le service concerné veut bien lui en laisser l’opportunité !) à des actions en faveur de la faune (ex : clôturage des surfaces agricoles pour lutter contre les dégâts, reprises de lièvres, participation financière à l’achat des perdrix lors de la tentative de réintroduction de 2002, recensement printanier des perdrix) et son représentant siège à la sous-commission de la faune. Elle continue à défendre sa vision de la gestion de la faune chassable auprès des autorités et à dénoncer ce qui lui parait absurde dans le système de gestion actuel.

En résumé
– la promesse de faire taire les fusils n’a pas été tenue, à tel point que de 1974 à 2010 près de 30’000 divers oiseaux et mammifères ont dû être tirés par les fonctionnaires.
– la situation de la plupart des espèces gibier, n’est pas meilleure à Genève que dans les autres cantons où la chasse populaire perdure.
– l’interdiction de la chasse populaire en 1974, n’a été voulue que par 13,9 % du corps électoral.
– malgré ces 3’300 hectares de forêts, morcelées et fortement fréquentées, Genève détient le double record de sangliers tirés au km2 et la plus longue période de chasse au sanglier : 9 mois par année !
– l’interdiction de la chasse populaire a coûté à ce jour des dizaines de millions de francs au contribuable (manque à gagner des recettes des permis de chasse sur 39 ans, explosion des dégâts, frais de prévention et d’agrainage, augmentation du nombre des gardes + frais sociaux + équipements, etc).
– le nombre de gardes est passé de 7 en 1974 à une quinzaine dans les années 2’000 (11 en 2013) alors qu’il n’y a même plus de chasseurs à encadrer . Ce chiffre est à mettre en parallèle avec le Canton de Vaud, qui bien que 11 fois plus grand que Genève et avec 800 chasseurs actifs, ne dispose que de 9 gardes-faune… épaulés néanmoins par une centaine de gardes auxiliaires (et bénévoles !)

P.S. : les chiffres d’animaux abattus sont tirés de la statistique officielle de l’état de Genève.